Nous ne dansons plus la nuit

18 mai 1980, une grande partie de la jeunesse anglaise est derrière son poste de radio pour écouter l’émission de John Peel le plus célèbre des Dj’s anglais sur Radio 1. Contrairement à son habitude, il ne dit pas bonsoir au public mais lance « New Dawn Fades », un morceau du groupe anglais Joy Division. Au milieu du morceau il prend le micro et annonce « Mauvaise nouvelle : Ian Curtis, le chanteur de Joy Division s’est donné la mort ». Une légende vient de naître ! Pour une grande partie des amoureux de musique, la nouvelle est terrible, Joy Division est devenu un groupe immense. Comme l’écrira le lendemain un journaliste dans le NME « personne n’a fait une musique aussi belle, mais aussi triste ».

Olivier de Joie, le chanteur des Fils de Joie reçut aussi cette nouvelle comme un coup de poing. Lui, qui s’était reconnu dans le message de Ian Curtis en ce début des années 80 : la fin des idéologies de partage, l’individualisme et le libéralisme économiques qui prenaient le pouvoir à l’échelle planétaire, une guerre froide qui continuait … Pour ces jeunes musiciens en rupture de la société et en pleine désillusion idéologique, le chanteur de Joy Division représentait, presque, un modèle. Olivier prit alors sa guitare et composa « We’re not dancing anymore », un morceau hommage au disparu. Curiosité, ce fût un des rares morceaux en anglais du groupe. Pour cette raison il ne fut que très peu joué à l’époque.

Hiver 1986, dans le studio de Radio Libération, les deux derniers « survivants » du groupe, Marco et Olivier de Joie travaillent sur le futur album. A l’écoute des anciens titres, ils se lancèrent dans une version en français du titre hommage à Ian Curtis et cela donna ce « Nous ne dansons plus la nuit ». Tout y est ! La basse en avant, les nappes de claviers et la guitare qui rappelle Joy Division dans le final et tout cela dans le style des Fils de Joie !

Le Texte, comme toujours chez les Fils de Joie, balance entre évocation poétique et précision clinique : « Des rimes et des barbituriques des poèmes épileptiques » « des signaux de son activité électrique » allusions à la maladie dont souffrait Ian Curtis et, en même temps, à son talent poétique et au son du groupe.

Il aura fallu plus de 35 ans pour que ce bel hommage soit enfin disponible sur disque ! Nous danserons toute la nuit sur ce titre cet été, en hommage à un chanteur trop vite disparu !